La multiplication des drones, qu'ils soient commerciaux ou de loisir, soulève des inquiétudes croissantes quant à la sécurité aérienne. Des incidents, tels qu'une rencontre rapprochée entre un Airbus A320 et un drone près de Roissy, mettent en lumière les dangers potentiels de ces engins dans l'espace aérien, nécessitant des réglementations plus strictes et des solutions technologiques innovantes.
Points Clés
- La prolifération des drones pose un risque significatif pour la sécurité des avions, en particulier lors des phases de décollage et d'atterrissage.
- Les systèmes anti-collision actuels des avions ne sont pas conçus pour détecter les drones, rendant la vigilance humaine essentielle.
- Des investissements sont réalisés pour développer des technologies anti-drones, avec les premiers essais attendus début 2016.
- La réglementation internationale sur les drones est fragmentée, bien que des mesures soient prises en France pour encadrer leur utilisation.
- Des sanctions pénales sont prévues en cas de violation des règles de sécurité liées aux drones.
- Des entreprises développent des systèmes innovants pour améliorer la gestion du trafic de drones et prévenir les collisions.
La Menace des Drones pour le Trafic Aérien
L'Association internationale du transport aérien (IATA) considère les drones volant à basse altitude près des aéroports comme une préoccupation majeure. Les interférences potentielles entre les fréquences radio des drones et les systèmes de contrôle aérien ajoutent une couche de complexité. Un incident notable s'est produit le 19 février, lorsqu'un Airbus A320 d'Air France a dû effectuer une manœuvre d'évitement à l'approche de Roissy-Charles-de-Gaulle après avoir croisé un drone à une altitude de 1600 mètres. Le drone est passé à environ cinq mètres sous l'aile de l'avion, un événement qualifié de « grave » par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA).
Préparation et Solutions Technologiques
Les avions actuels ne disposent pas de systèmes capables d'identifier les drones. La détection repose donc principalement sur la vigilance des pilotes. Face à ce risque, des investissements significatifs ont été réalisés pour le développement de technologies anti-drones. Parallèlement, les constructeurs d'avions ont déjà pris des mesures préventives contre les collisions avec des oiseaux, notamment en renforçant la résistance des carlingues et en testant la résistance des réacteurs. Le risque principal en cas d'ingestion d'un drone par un réacteur proviendrait de sa batterie au lithium, un matériau hautement inflammable.
Cadre Réglementaire et Sanctions
La réglementation internationale concernant les drones est encore en développement. Seuls 63 pays membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) ont adopté des règles spécifiques, tandis que d'autres sont en train d'en élaborer ou ont interdit leur usage. Le manque de cohérence entre ces réglementations est regretté par les acteurs du secteur. En France, un arrêté de décembre 2015 a établi des règles pour l'utilisation des drones, interdisant leur vol à proximité des aéroports et au-dessus des zones habitées, avec une limitation d'altitude à 150 mètres et une obligation de maintien à portée de vue de l'opérateur. Le non-respect de ces règles peut entraîner des sanctions pénales, allant jusqu'à un an d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Incidents et Innovations
En 2015, la gendarmerie des transports aériens a enregistré huit signalements de survols illicites autour de l'aéroport de Roissy. Aux États-Unis, le Centre d'étude des drones a recensé 921 incidents impliquant des drones et des avions entre décembre 2013 et septembre 2015, dont 36 considérés comme des quasi-collisions. Face à cette situation, des entreprises comme Air Space Drone développent des systèmes anticollision. Leur technologie, sous forme d'un petit boîtier, permet d'identifier les drones, de gérer leur trafic et d'enregistrer des données en cas d'incident. Ce système a déjà suscité l'intérêt de pays comme Monaco, Singapour et la Tunisie, et est également testé en partenariat avec Airbus Helicopters pour la gestion du trafic aérien mixte (hélicoptères et drones) dans les zones urbaines denses.